"Danse immobile
Pourquoi faire de la photo lorsqu’on est éprise de mouvement ? Il n’y a apparemment rien de plus statique, de plus figé qu’une photo !
Apparemment… parce qu’avec Agnès Mellon, la photo sort de son immobilité, s’extrait de ce figé pour l’éternité. A l’instant où le temps suspend son vol, elle saisit le bras qui s’élance, le pied qui s’enfonce dans le sol, l’émotion des mains qui se crispent. Elle s’imprègne des pauses et des silences, comme pour mieux souligner les contours du geste… Elle ose l’impudeur même pour aller au plus près, pour se fondre dans la goutte de sueur, dans la souffrance de l’étirement.
Aller jusqu’au bout, oser inventer de nouvelles extrémités… c’est une façon de nous sortir des clichés, des regards convenus, de nous dévoiler la vie, dans sa gestuelle, dans son présent, dans ce qu’elle a de plus insaisissable et de plus invisible…"
Karine Jamen
"Les regards d’Agnès
Je n’ai pas été immédiatement séduite par les photos d’Agnès Mellon. Son regard sur la danse différait trop du mien : elle me donnait à voir les corps de près, là où ils transpirent, s’essoufflent, où les veines se gonflent, où les chairs se dévoilent sans sensualité, par l’effort qu’elles fournissent à produire des gestes.
Mais mon agacement face à la subjectivité affichée d’Agnès Mellon se doublait, je dus l’admettre, d’une fascination : ces photos-là m’ouvraient des portes, montraient des êtres, refusaient la froideur du papier glacé, des cadrages raisonnés, de la netteté idéale. Quelque chose dans ces images capturait mon œil.
En persistant je compris : derrière chaque corps se dessine un fantôme qui ravit le regard. Un reflet sur le sol, une ombre, un homme qui passe, un épieur tapi, un double, des sosies effacés qui, au lointain, affirment qu’il existe une perspective, un autre espace. Celui justement que mon œil usuel ne voit pas, s’attachant aux mouvements clairs de l’avant-scène, aux angles objectifs, à l’idée d’ensemble, aux pas exhibés.
Ainsi la photo d’Agnès Mellon a changé mon regard ; nous nous séparons encore à l’entrée des spectacles: elle s’installe devant, au coin, élaborant des angles, visant les chairs ; je me place plus loin, de face, et cherche à percevoir une globalité illusoire. Mais à la fin nous nous racontons toujours ce que nous avons vu…"
Agnès Freschel
5 commentaires:
Tu peux enfin venirfaire des photos dans l'atelier du haut les travaux sont terminés !
Bravo pour ce blog
je découvre avec bonheur ton blog et je me régale de ton travail. Tu arrives à saisir des instants magiques, et ton regard et ta façon de capter les choses sont impressionnants. Le cadrage et la lumiere que tu mets si bien en valeur ne font que renforcer la puissance de tes images.
bravo & encore plein de bisous pour tes 40 ans.
Anne-Claire
alias ALOKAPARI
merci beaucoup, je suis ravie que cela te plaise, tes mots me vont droit au coeur
je t'embrasse très fort
J'aime aussi la manière dont tu danses quand tu photographies... Une lumineuse vibration... Comme une traversée de miroir inversée. Tu regardes et cela se voit...
Il y avait bien longtemps qu'un oeil ne m'avait autant ébloui...
Bravo et continue !
François Lachaud
Quel message! Merci, je suis vraiment touchée. C'est vrai, j'ai un peu la tête à l'envers quand je photographie, je n'aime pas quand l'univers est trop droit. La photographie est magique, elle permet de sonder la beauté, de la dénicher, que de surprises derrière un objectif.
Merci d'être toucher par ce qui me touche, par ce que je tente de saisir par la photo.
Et, c'est certain, je continue, c'est une route qui est longue.
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